2009 — Galerie Mirabilia

Galerie Mirabilia — Lagorce – Ardèche — 2009

En compagnie de Louise-Marie Cumont, sculptures

Demeure

On imagine les peintures d’Anne Moreau sur les parois de grottes préhistoriques, celles de tombeaux de Haute Égypte, sur les écorces des Aborigènes d’Australie, on les retrouve dans les ondes gravées sur les pierres du tumulus de Gavrinis, une île du Morbihan. Elles sont contemporaines de ces moments où la main qui dessine a dressé de l’humain une image ressemblante faite de géométries vibrantes.

Anne Moreau écrit que c’est en rêvant sur les feuillets cousus des codex antiques ou sur les portulans, cartes marines anciennes, que lui est venu le goût de peindre. Elle s’est donc choisi une peinture peau, travaillée d’une matière blanche qu’elle laisse « mûrir » et qui ouvre à ce qu’elle a recherché dès l’enfance : la profondeur habitable d’une surface, où rejoindre un éternel présent. Des pigments organisés sur un plan, voilà le plus complexe, le plus tragique, dit Anne.

Les bâtiments à songe ouvert dont elle trace des plans immergés dans le blanc sont dotés de commentaires déroutants extraits d’herbiers ou d’avis de batellerie. Ces murs et ces pierres naissent de la peinture, « mère de tous les plans » selon Anne Moreau, et composent pour nous une chambre du temps.

On sait alors que l’île au Trésor dont Anne enfant aimait dessiner la carte n’aura de vérité que si nous y emporte la barque solaire de la peinture, notre demeure flottante.

Jean Planche