Galerie Mirabilia — 2014 Les Silhols, Lagorce ( Vallon-Pont-d'Arc ), Ardèche
En compagnie d'Olivier Giroud, sculptures
Par la frugalité et la douceur jusque dans l’accident de ses toiles, Anne Moreau nous fait le présent infiniment secourable d’une présence transformée en mine de sensations à ciel ouvert. On pourra, comme Jean-Pierre Abraham dans les peintures de François Dilasser, camper là sans y avoir froid.
Les couleurs y sont simples cueillis avec leur racine : la longue portée du très ancien usage de la terre ocre, du rouge de la sinopia, du bleu d’azur, de la blancheur crayeuse.
Les formes sont celles d’un bâti, murs ou digues, doté le plus souvent d’ouvertures qui laissent le passage à la fluidité élémentaire, inondante, où les limites se fondent - ont leur fondement disparaissent.
Des couples se forment qui sont imaginaires : vie et mort, pierre et eau, masculin et féminin - ils engendrent une symbolique présente dès avant l’histoire dans l’art pariétal.
Les écritures sont un pas de côté, un ancrage inversé dans le devenir : la ligne s’était faite lettre et s’était refendue en une forme et un sens - séparé, séparant ; elle retourne aux sources.
Tout cohabite, affirmait Dilasser. Pourtant, dans la forêt où se disperse le monde, nous sommes plus que Petit Poucet ou Chaperon rouge.
Il nous faut habiter sur les vagues et ne jamais avoir d’asile dans le temps, disait Rilke. Mais, confiée ici à un bain de reviviscence, l’image y éclôt comme une fleur de papier japonaise.
Échangeant leurs identités, se répondant et se répandant l’un en l’autre, des pictogrammes s’entre-fondent : l’eau est un ciel, un labyrinthe devient fleur ou cerveau à méandres, cassier d’un pigeonnier aussi bien.